Le pourquoi du comment

Mémoires d'une jeunesse trop souvent oubliée !
Comprendre cette décade ne passe pas en premier lieu par les journaux, trop souvent mensongés ou trop selectifs, mais bien par les acteurs épargnés injustement.
Loin de moi l'idée de vouloir me montrer comme pourfendeur de quelque cause que ce soit: je souhaite vous donner à lire des témoignages vrais, parfois touchant de sexagénaires ou septuagénaires encore jeunes et fringants.

mardi 11 mars 2014

Questions de générations - Part IV: Dany

PRENOM: Dany
Date de naissance: 1951
Lieu de naissance: Chevinay (département 69 - 25km de Lyon)
Etudes: Institutrices
  1. QUEL ENFANT/ADO/JEUNE ADULTE ETIEZ-VOUS ?
    Mes études sont un tout petit peu « chaotiques » : je passe le bac dans une école privée que j'ai fréquentée depuis la sixième. J'ai connu mon mari à la sortie du lycée, alors que j'étais inscrite en fac de Lettres. Je m'en vais avec lui dans le Poitou (puisqu'il était poitevin) et je ne m'inscris pas à la fac de Poitiers. Donc je cherche du travail aussitôt et on m'accepte comme professeur de collège dans une école privée, sans diplôme. J'arrête le travail après la naissance de mes deux premiers enfants, ils ont un an d'intervalle. Je reprends plusieurs petits boulots, et après avoir été licenciée d'un travail de secrétaire comptable, je décide de reprendre des études d'institutrice : de 38 à 40 ans, je repasse le concours de l'école normale et je sors première de ma promotion, alors que je n'avais pas de Deug, ni de Licence ;on m'a dit quelquefois « écoutes, tu es une femme, tu as eu le droit de passer le concours parce que tu as trois enfants, mais sous entendu c'est très injuste ! » C'était ma petite revanche, à la fois sur certaines collègues et sur moi-même surtout De pouvoir reprendre des études, c'était une excitation intellectuelle ; il y a quelque chose de jubilatoire. Depuis quatre ans, j'assiste à des cours à la fac des Sciences Humaines et Arts de la ville de Poitiers, parce que j'en ressentais le besoin : j'ai un esprit curieux, l'histoire de l'art est ma passion depuis mon enfance. Mais sans doute aussi, parce que je ne suis pas allée à la fac à l'âge où j'aurais du y aller. C'est un challenge et en même temps je me fais plaisir.
Les sixties !Pour moi , j'ai entre neuf ans et dix-neuf ans : ce sont les années les plus marquantes d'une vie. J'étais quelqu'un de très ouverte et surtout très physique : il fallait que je prouve avec mon corps. Je crois que mon père aurait aimé que je sois un garçon. Dès la sixième, j'ai été admise en pension à Lyon avec déjà l'idée d'être institutrice. L'enseignement qu'on me proposait était intéressant : on nous a initié à l'art, à la danse... à des choses déjà péri-scolaires. Je suis une mauvaise élève en collège, trop préoccupée par ma rébellion je pense. J'étais heureuse d'être séparée de mes parents, d'une famille de cinq enfants. Mais je pense que j'en ai fait voir aux professeurs. A partir de la seconde (littéraire), j'ai adoré les études! J'étais dans mon élément. Puis 1968 passe par là, nous donne plus de liberté, même au sein de la pension où je n'ai plus d'étude surveillée par exemple, on me donne une chambre individuelle alors qu'avant nous étions toutes en dortoir... Tout cela a compté dans mon épanouissement.
  1. QUEL(S) PROJET(S) AVIEZ-VOUS EN TETE ?
    J'avais un imaginaire très développé. Avec mes amis, on se lançait dans des projets inattendus: à quatorze ans, nous sommes parties faire de la marche, dans le Massif du Pilat, , dans le massif du Mont-Blanc, seules, c'est-à-dire sans parents pour nous surveiller. Un adulte était tout de même avec nous. Rien ne me faisait peur physiquement. J'ai beaucoup changé (rires).

1966-1967 – en randonnée (pull clair)

Le projet auquel j'ai tenu et qui a changé ma vie, à été en seconde, lorsque l'abbé Pierre, originaire du lyonnais, avait lancé des camps internationaux.. Ils sont venus vers nous, l'abbé Pierre et ses compagnons, et avec plusieurs amis nous avons eu l'opportunité de nous engager pour l'été suivant. Dès l'âge de seize ans, j'ai fait des camps internationaux, ce qui m'a donné l'occasion de m'ouvrir. Le premier camp se déroulait dans le sud-ouest de la France, le second au Danemark,.. J'ai rencontré des jeunes étudiants surtout. Je faisais partie des plus jeunes : les camps étaient autorisés à partir de dix-huit ans, mais on laissait passer. Notre mission était la même que les chiffonniers, à savoir de récupérer dans les greniers et les caves ce que les gens avaient envie de se débarrasser.
1969 - Dany dans une montagne de chiffons au Danemark
  1. QUESTION SENTIMENTALE :
Lors d'un de ces camps, j'ai rencontré mon mari. C'était comme une sorte de point d'orgue à cette belle aventure qu'était Emmaüs. C'était une découverte d'adolescence qui s'est terminé par l'amour. C'est fabuleux ! (rires).

Je suis une amoureuse : je crois que j'ai toujours eu besoin d'avoir un homme dans la tête (rires). Lorsque j'ai fait mon premier camp Emmaüs dans le sud-ouest de la France, j'ai rencontré un jeune homme mais plus âgé que moi (sept ans), belge, instituteur. Je le retrouvais au fur et à mesure des camps. Il m'apportait une vision du monde adulte, il m'a fait grandir : lui était instituteur depuis plusieurs années, il avait plein d'amis en sociologie, certains étaient maoïstes, trotskistes... et je pense que j'ai été éveillée à la politique grâce à ces gens. En plus il y avait beaucoup d'italiens dans les camps, qui étaient des gens de gauche affirmé : je me souviens qu'avec mon mari, nous ne sommes pas partis en voyage de noce, mais nous avons été responsables d'un camp à Oyonnax (Ain) un été. C'était notre façon de donner du temps aux autres. Il y avait un italien excessivement rebelle, et cet homme nous a dit « mais pourquoi vous êtes marié ? C'est une valeur complètement démodé.» Et avec Jacques, mon mari, nous lui avons répondu que malgré nos valeurs de gauche, nous défendions la valeur de l'amour de cette façon !
1969 - Dany et son premier amour
Ma mère était quelqu'un de très prude et retenue. Je me revois toutefois dans la cuisine, en petit talon (qui devait appartenir à une de mes grandes sœurs). Elle m'a alors parlée des règles, une preuve de notre féminité . Je devais avoir neuf dix ans. Je lui suis reconnaissante de m'en avoir parler avec douceur car je pense qu'un grand nombre de femmes n'ont pas été averties de cette façon là.
  1. QUEL REGARD PORTIEZ-VOUS SUR VOS AIEUX ?
Très étrangement, c'est un regard assez lointain. D'abord, parce que je les ai très peu connus. Ils vivaient au Puy-en-Velay, à 150km de là où nous habitions. Mais surtout parce qu'ils sont décédés lorsque j'étais très jeune. Cette relation avec les personnes âgées m'a manquée. Du coup, lorsque j'ai été jeune femme, j'ai fait la connaissance des mamans de mes amis, et cela a été une vraie découverte c'était bien , c'était doux ,(rires). Mes aïeux n'ont pas beaucoup compté lorsque j'étais jeune adulte. Évidemment, quand on prend de l'âge, on recherche ses racines : je découvre que j'avais un grand-père qui avait plein d'humour, alors que je pensais qu'il avait été un homme autoritaire comme mon père, que j'ai vraiment beaucoup aimé ; mais c'était le chef de famille, de tribu, typique du milieu agricole. Mon père ressemblait à Jean Gabin physiquement un homme qui avait beaucoup de charme et de présence .
  1. VOTRE PIRE/MEILLEUR SOUVENIR
Lorsque j'étais en pension, qui était une école normale libre, dès la sixième, notre professeur d'Arts plastiques nous emmenait le jeudi après-midi au musée Saint-Pierre (Beaux-Arts) à Lyon. J'ai assisté à une visite commentée avec une femme qui nous a décrit un tableau d' Edgar Degas (1834-1917) , Le café-concert des Ambassadeurs (1876-1877, Pastel sur monotype de 36x28cm, Lyon), que je revois très bien. Je me suis dit que c'était l'un des moments les plus fondateurs et les plus forts au niveau de mes appétits artistiques, c'est-à-dire avoir un éclairage, une idée, et par la suite n'avoir qu'une envie, retourner voir ce tableau pour retrouver peut-être cette première émotion.
 
  1. AVIEZ-VOUS DE L'ARGENT DE POCHE ?
J'ai eu la chance d'avoir de l'argent de poche parce que mon père était agriculteur, et il vendait beaucoup de fruits, notamment des cerises, des cassis et des groseilles. Très jeunes, avec ma sœur, nous ramassions les cassis et on les vendait. Ce qui fait que cela constituait notre argent de poche pour l'année . Et sincèrement, on se sentait très gâtées par rapport aux autres jeunes qui avaient généralement moins d'argent que nous. Je n'ai jamais manqué de rien. Et avec cet argent, je m'achetais des disques de Pete Seeger de Bob Dylan, des bouquins ; lorsque nous avions notre jeudi après-midi, j'allais à la librairie Flammarion, 19 place Bellecour (Lyon), pour découvrir des livres, en feuilleter , en acheter parfois . Un livre acheté qui m'est cher : les lettres à son frère Théo de Van Gogh . J'achetais aussi des cigarettes (rires)
  1. AVIEZ-VOUS DES LOISIRS ?
Lorsque j'étais en pension, de la sixième à la Terminale, on devait passer notre temps libre à nous occuper : il y avait un gymnase, un terrain de basket... Je me rappelle avoir été capitaine de l'équipe de basket. Je faisais du ski aux vacances de pâques et de février en général. J'adorais l'athlétisme, le saut en hauteur (rires) : avec une de mes amies, on s'entraînait toutes les deux. Je me rappelle avoir acheter un fil rouge élastique que j'ai installé chez moi entre deux piquets, et mon père m'avait installé un sautoir avec du sable pour la réception !(rires).
  1. AVEZ-VOUS GARDE DES EFFETS PERSONNELS DE CES ANNEES ? S'IL NE FALLAIT EN GARDER QU'UN, LEQUEL ?
Pratiquement pas et c'est mon plus grand regret. Bizarrement, lorsque je suis partie de la maison de mes parents, je n'avais pas emmené toutes mes affaires. L'idée n'était pas de prendre toutes ces affaires au départ. Il y avait de la place chez eux. Toujours est-il que j'ai récupéré des choses plus tard, mais ma mère avait mis beaucoup de choses à la poubelle en particulier ma correspondance. C'est quelque chose qui est encore là... J'ai gardé un gaffiot (dictionnaire), quelques souvenirs de voyages (des carnets).
 
   9. UNE HISTOIRE INSOLITE ?
Dany la fleur à l'oreille
En 1966, la fleur à l'oreille, j'ai fait un camp Emmaüs dans le sud-ouest de la France. Et il y avait un certain Antonio. Nous sommes allé à Lourdes, je ne sais plus pourquoi, et Antonio et un de ses amis jouaient de la guitare, nous étions quelque peu en décalage avec le milieu environnant !. On portait des vêtements avec de la fourrure, pas très esthétique, mais c'était le look de l'époque. . A seize ans, j'ai trouvé ça très audacieux. Quant à Antonio, il avait de la suite dans les idées : il est venu un jour à la maison, l'été suivant ;

Je revois toujours là tête de mon père qui voit arriver ce garçon avec la guitare en bandoulière , les cheveux longs ,coiffés d'un grand feutre noir et qui venait me voir pour nous demander l'hospitalité. « Mais il n'en est pas question ! Ma fille est beaucoup trop jeune » (rires). Mon père avait tout de même eu la gentillesse de lui trouver du travail dans le Beaujolais. Du reste, ça m'avait plu ; c'est peut-être mon côté fleur bleue.
1968 – Emmaüs Lourdes (deuxième en partant de la droite)
  1. UN FAIT MARQUANT A GARDER SELON VOUS ?
L'année 1968. Au lycée, on n'avait presque pas eu de grève contrairement à l'enseignement public, et ça c'était douloureux (rires). Je me souviens de mon père venant nous chercher à la sortie au moment où les cars ne circulaient pas, parce qu'il n'y avait plus d'essence. On faisait du covoiturage.

Le plus marquant par rapport à mai 68, c'est l'absence d'études. Ce fut le grand changement, un grand vent de liberté qui soufflait. C'est peu bien sûr comparé à ce qui se passait !
  1. ETIEZ-VOUS IMPLIQUEE AUX QUESTIONS SOCIALES DE L'EPOQUE ?
Mon engagement, c'était Emmaüs. C'est un engagement social puisque l'on défendait des idées de partage. Dans ces camps on vivait en dortoir, on partageait des repas bien sûr à des heures imposées: la vie en communauté dans les camps était basée sur des règles. On ne devait pas parler de son passé, c'était quelque chose que l'on n'arrivait pas à faire ; les périodes douloureuses de notre vie, on n'en était pas là. En tant que scolaire, ou scolaire le passé n'était pas un problème contrairement aux vrais chiffonniers .

Nous n'étions pas conscient de ce qui c'était passé durant la seconde guerre mondiale. C'est un pan de l'histoire que je n'ai pas bien découvert. Mon père a pourtant fait la guerre, mais je crois que j'en ai pris conscience bien plus tard. J'avais un problème avec l'histoire : ce n'était pas une matière qui me passionnait . Je préférais la géographie, la philosophie, le français.

La guerre d'Algérie a compté durant mon adolescence. Mon frère, Jean-Paul, qui avait neuf ans de plus que moi, s'est trouvé en Algérie alors que j'étais en sixième. Je n'ai reçu qu'une carte pendant qu'il était parti mais quelle importance elle a eu !. Il a fait deux ans de service, ce qui est bien assez ! Dans mon souvenir , Il en a beaucoup souffert à son retour.
  1. QU'EST-CE QUI EST NOVATEUR A L'EPOQUE 
C'est marrant, j'ai du mal à répondre (rires). La chanson est ce qui me vient à l'idée puisque j'ai aimé écouter le folk : Léonard Cohen, Bob Dylan, Donovan, Cat Stevens. C'est toute une bande de chanteurs qui étaient dans la contestation. Et cela marque toute mon adolescence : le fait de protester contre les acquis. Mais je crois que c'est vrai pour toute adolescence, non ?. On passe d'une société très lissée à des années « folles », comme si les vêtements trop étroits , craquaient.
  1. AVIEZ-VOUS SUIVI LES MODES OU ETIEZ-VOUS INDEPENDANTE ?
Oh la la oui : la mode hippie avec les jeans troués, la petite veste en lapin coupé ras les manches...

J'ai commencé à enseigner, j'avais vingt ans. Et c'était encore l'époque de la mini-jupe et des maxi bottes. J'ai retrouvé une photo où je portais une mini-robe. Il n'y a pas si longtemps, j'ai retrouvé une collègue qui me disait : « Dany, tu ne te souviens pas que tu faisais l'école en mini-robe? ». Cela me paraît assez osé aujourd'hui (rires). Je me souviens aussi d'un mariage, Je devais avoir quatorze-quinze ans, où je portais un mini-short avec une petite tunique jaune assortie qui était carrément osée je trouve aujourd'hui , et je suis allée à l'église ainsi. Mais à l'âge que j'avais, et vu ma personnalité, c'était « normal »

C'est difficile de résister aux modes. Et puis, pourquoi résister ?
Jacques Dutronc – mini mini (1967)
 
14. AVIEZ-VOUS LA TELEVISION ?
SI OUI, QUE REGARDIEZ-VOUS ?
Mes parents ont eu la télévision, j'avais treize ans . (1964). C'était l'année des Jeux Olympiques d'été et lorsque nous avons allumé la télé pour la première fois c'était une épreuve de natation. . J'ai suivi avec excitation aussi les Jo d'hiver avec Killy, Périllat et les soeurs Goitschel C'était un modèle pour moi. Comme ayant un tempérament un peu passionné, je m'enthousiasmais pour des gens qui avaient des médailles d'or, qui prouvaient quelque chose avec le corps. C'était beau.
Tout les épisodes de la série: http://www.ina.fr/emissions/belphegor/
On allait aussi voir la télévision chez les voisins. Et je me souviens de Belphégor, le feuilleton avec Juliette Gréco ; un téléfilm de Claude Santelli, dont j'ai adoré le roman, qui s'appelle Sarn de Mary Webb. Cela se situe à la fin du XIXe siècle anglais, un roman proche de Jane Eyre, c'est l'histoire d'une jeune femme qui a un bec de lièvre, qui apparaît le soir dans la nuit brumeuse, et un homme tombe amoureux de sa silhouette . Ce téléfilm en noir et blanc, je me rappelle avoir fait 20km pour aller le voir chez une amie (rires). Ça donnait l'occasion de se retrouver, ce qui n'était pas désagréable ; il y avait un côté veillée.
 
15. QUELLE(S) CHANSON(S) VOUS VIEN(NEN)T EN TETE A L'EVOCATION DE CES ANNEES-LA ? POURQUOI ?
Dylan – The times they are a changin' (1964)
C'est la chanson qui représente, pour moi, le plus les années 1960. Les chansons de Cohen aussi :
Suzanne (1967)
Françoise Hardy – Tous les garçons et les filles (1965)
En sixième, c'était Adamo à fond et plus tard j'ai bien aimé Inch'allah (1967) (rires). Je me suis rendue compte que j'avais beaucoup de 45 tours d'Adamo.
  16. A CONSEILLER
LIVRE(S):

Jean-François Steiner, Treblinka (1966)

Georges Bernanos, Mouchette (1922)

UN FILM: 

Robert Bresson, Mouchette (1967) : c'est un film idéal quand on a besoin d'être dans le sombre (rires)

UNE PERSONNALITE:
L'abbé Pierre est l'homme qui a le plus compté pour moi. Mais je rajouterai Lanza del Vasto (1901-1981), un homme militant pour la paix, artiste, philosophe et poète. Ce mouvement pacifiste fut aussi très important, avec Martin Luther King, Gandhi, Jean Vannier (1928-philosophe, fondateur de l'Arche en France).
  1. AVANTAGE(S)/INCONVENIENT(S)
Avec mon regard d'aujourd'hui, je dirais que cette période fut merveilleuse pour l'expression personnelle, l'expression de l'individu et de chaque être ; plein de libertés ont été données, sexuelles notamment. Mais la peur de la relation, c'était l'enfant.
1968 – Emmaüs Lourdes (Luis, Antonio, Anne-Marie, Michel)
Cette liberté a aussi son pendant négatif : c'est-à-dire que les gens ont un peu perdu une vision politique collective. Ils ont été plus tournés vers eux, vers l'individu. Ces années ont laissé la place grande à l'individu mais cela peut avoir des dérives. Les gens s'engagent de moins en moins, ne croient plus en la politique, et ne trouvent pas des raisons de croire en un monde meilleur !
  1. AVEC LE RECUL, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR CES ANNEES ?
Beaucoup d'affection, de nostalgie, mais pas de mélancolie. Après ce que je viens de vous évoquer ici, je me rends compte que j'étais en devenir. Le présent aujourd'hui , pour moi, est bon. J'accepte mon âge, je suis heureuse d'avoir des enfants, des petits-enfants, un homme qui m'aime et que j'aime Peut-être qu'il y a des illusions qui sont tombées.
1970 – Dany guitare
  1. UN CONSEIL A DONNER A LA JEUNE GENERATION ?
Créer des initiatives qui permettraient de nous rassembler, tous ensemble ; de ne pas rester chacun dans son coin. Si on pouvait militer un peu plus, défendre des valeurs dans lesquelles on croit...
1971 - Dany et son mari (assis) 
  1. UNE QUESTION A ME POSER ?
Je suis intriguée par votre goût des années 1960. Ce n'est pas courant.
Tout est parti de la musique. Je fus élevée au « biberon à cassettes » depuis mon enfance : cassettes en références à celles que ma mère mettait dans sa XS Citroën. Mais, ce fut en premier lieu, une musique qui a bercé l'adolescence et les premières années de son mariage, soit les années 1970-1980. Des artistes (musique, cinéma, littérature) on eu une grande carrière durant les années 1970-1980-1990, mais ont commencé dans les années 1950 ou 1960. Par la suite, ma curiosité a prit le relais : la télévision m'a beaucoup influencée tout d'abord, les émissions de Jacques Martin, les reportages d'arte (encore aujourd'hui), puis les bouquins de type encyclopédiques, et enfin internet m'a ouvert des voies « d'apprentissage » plus grandes.  
Tout n'est qu'une question de curiosité qui a fini par se développer en passion.

Merci Dany :)